Mails de
voyages de
Bernie PAOLETTI - Janvier-Février 2013
Je vous emmène avec moi
en balade
on laisse tout
on s'en va
en balade
à vos cartes
petite escapade indienne
De
PONDICHERY à GOA,
2 – VANAKKAM TAMIL NADU
François H. parti, place à Bernie …
Il est minuit ; arrivée dans le noir de la nuit
indienne, sous la pluie drue, dans la moiteur
intense,
et surtout dans le désordre et le bruit :
le bain indien est immédiat et sans attrait ;
Dimanche, la chaleur est oppressante sur le site
de MAMALLAPURAM ;
les PALLAVA ont quitté les
lieux, les amoureux des arts aussi.
Pas de trace
des Beatles, ni de Lucy qui s'est perdue in the sky.
Reste l'ensemble étrange de construction et
sculptures originales datant du VII ème siècle,
sur l'immense plage parsemée de Mandapa,
Rathas,
et autres châteaux de sable en granit, avec
foultitude de familles indiennes en villégiature.
Mais que fait Bernie dans cette galère ?
3-BERNIE AU COMPTOIR
PONDICHERY
C'est ma mère qui chantait en refrain le nom des 5
comptoirs, dont KARIKAL, YANAON et MAHE
aujourd'hui regroupés sous le nom de Territoire de
Pondichéry.
Le rêve et la convoitise liés aux richesses
inestimables relatées dans les récits des
voyageurs
vont pousser les européens à contrôler
les routes maritimes entre Orient et Occident ;
ce
sont les anglais qui finalement au XIX ème vont
asseoir leur domination …
PONDICHERY entre dans l'Histoire de France
lorsque la Compagnie des Indes achète en 1673
un
petit village côtier au sultan de Bijapur ;
POUDOUCERI devient ainsi la tête de pont des
intérêts commerciaux de la France en Inde,
et
verra son apogée en 1742 .
l'ancrage français vieux de 3 siècles est inscrit
jusque dans les murs …
rues DUMAS ROMAIN ROLLAND
FRANCOIS MARTIN ..
La ville en damier est implantée sur le front de
mer, avec ses rues perpendiculaires tirées au
cordeau,
l'architecture cossue du quartier
français blanc de chaux, et la partie colorée de
la ville tamoule ;
le canal aux eaux nauséabondes,
frontière naturelle, divise la ville en 2 :
blanche et noire de peau.
L'Inde indépendante en 1947 réclame le retour des
comptoirs français,
et patientera jusqu'à la
cession de souveraineté en 1956.
C'est au cimetière que le promeneur de Pondichéry
réalisera avec nostalgie le passage sur
cette
terre
d'autres Hommes d'une autre Epoque à
laquelle correspondaient d'autres Rêves.
Les bâtiments et monuments divers, les maisons les
rues semblent des tas de ruines ;
le cachet
français disparaît dans la mutation implacable
d'une Inde en R-Evolution.
Reste les képis rouges des policiers comme ultime
clignotant d'une splendeur passée et bientôt
oubliée.
La Basilique du Sacré Cœur , consacrée en 2009
par Benoît, me réconcilie avec Pondy en friches ;
l'espace vaste et kitsch est rempli de fidèles au
sari flamboyant, à genoux en dévotion, dans le
silence à peine troublé
par les piaillements
d'oiseaux.
Sur le parvis, la réplique de la grotte de Lourdes
; ça tombe bien, c'est le 18 février et
c'est la
Sainte
BERNADETTE.
Comme cadeau de fête le coup de la panne avec le
chauffeur Muthu …
touk touk et coin coin dans le
bazar ambiant, défilé des échoppes accolées,
déluge des couleurs et tumulte indescriptible,
poussière qui colle à la peau transpirée ;
Bernie
n'est plus qu'une grosse goutte d'eau …et laisse à
Guy Béart le mot d'la fin :
« Elle avait, elle avait le Pondichéry facile ;
elle avait elle avait ... »
Mais que boit donc Bernie au vieux comptoir
suranné des Indes ???
4- ON THE ROAD AGAIN
Bernie quitte les bords du golfe du Bengale, et
son vieux comptoir des Indes, emportant
avec elle l'image douloureuse de ces femmes aux
yeux implorants que l'on appelle
intouchables. Elles errent désormais entre les
immondices et les tombes tels des
fantômes hallucinés, et dorment à même la pierre
gravée au nom des nobles à particule …
Vanité des vanités ; tout n'est que vanité …
Direction Nord Ouest ; changement de territoire ;
500 km à travers le TAMIL NADU profond,
les verts des palmeraies, manguiers, agaves,
rizières ; c'est la récolte de la canne à
sucre,
la saison des bananes vertes et des
pastèques écarlates ; les femmes s'activent
aux travaux des champs et
dans les inhumaines
briqueteries.
On traverse de gros bourgs
trépidants et grouillants de tout ; la circulation
est ininterrompue d'un flot
indescriptible
de véhicules en tous genres ; notre
white Chevrolet se faufile entre les
hordes de camions en surcharge
qui encombrent les
routes infâmes fréquentées par les
singes et les hommes …
Muthu le chofer, un peu
bipolaire, ne comprend pas un mot
d'anglais mais au moins il sait ce que piloter
veut dire.
Les collégiennes sont tirées à 4 épingles ; des
nœuds ravissants et des fleurs
fraîchement coupées ornent leur coiffe tressée, et
sont assortis à leur tuniques
impeccables de propreté …
contrairement au Tamil Nadu crasseux, beaucoup plus sale qu'à
mon dernier passage en 2007.
Les conditions de
vie sont intraduisibles.
De plus et
jusqu'à présent, aucune spiritualité ne transpire
ici, au cœur de l'Inde du sud.
Après 11 heures de route, nous parvenons enfin à
MYSORE , dans l'état du KARNATAK .
5 – KARNATAKA
MYSORE
La grève paralyse le trafic et c'est une ville
désertée, calme et paisible que nous
découvrons ;
son PALAIS est digne de ceux du
Rajasthan … ou « si Versailles m'était
conté » ...
aux alentours CHAMUND HILL très habité en
atmosphère et sérénité ;
la résidence d'été du sultan Tippu malheureusement
très endommagée ;
la très intéressante fabrique d'huile de santal.
La ville est rythmée par le chant du muézin ; dans
les rues on croise d'inquiétants
Belphégor,
longues tuniques noires avec juste 2
fentes pour les cils et l'iris noir …
Une guerre de l'eau ancestrale oppose les deux
états Tamil Nadu et Karnataka ;
les
événements se précipitent et la tension est vive ;
il ne fait pas bon circuler au
Karnataka
dans un véhicule immatriculé TN comme
Tamil Nadu ;
l'agressivité est palpable
et notre white Chevrolet devra forcer les barrages
et jets de pierres ;
Adelita n'en est
pas à sa première Révolution … changement
d'itinéraire pour quitter la ville ;
ça
rallonge mais c'est plus sûr ;
ainsi c'est par des
chemins de traverse que nous nous
dirigeons vers Hassan à 120 km plus au nord .
Adelita troque ses feuilles de coca
bolivienne pour la mixture locale à base de bétel
…
good for the brain … noix concassée
parfumée à la fois sucrée et épicée, très agréable
aux naseaux.
Les marchés aux bestiaux égrènent la route : on
est dans une région très agricole.
Le chofer fait changer les plaques
d'immatriculation pour tromper l'ennemi ;
ainsi le TN
se transforme en KL comme Kerala . .. n'importe
quoi.
Quelques plats régionaux me réconcilient avec une
Inde aussi déstabilisante que
décevante :
le thali servi sur une grande feuille
de bananier avec riz et garnitures à
toutes les sauces ;
le tomato rice aux épices,
piments, turmeric powder, moutarde,
oignon, curry et noix de cajou ;
le godi payasa
céréales concassées au lait clou de
girofle et cardamome ;
les gâteaux frits à la
carotte orange foncé ; le coconut burfi et
tutti quanti …
le tout accompagné des pains
galettes légères et rondes naan et roti.
Le paysage se pointille d'éoliennes dominant les
cocotiers . « La fièvre monte à El Paso » et la
chaleur avec, implacable ...
Il était
temps ; nous parvenons à HASSAN.
6 – Temples du Moyen Age
HALEBID
C'est la vielle capitale de la dynastie des OYSALA
. XII ème siècle.
Le temple de OYSALESHERA présente un ensemble
harmonieux en étoile, à l'ombre des
jacarandas violets,
très visité par les familles
indiennes ;
les couleurs chatoyantes
des costumes des femmes illuminent la pierre
sombre de stéatite.
( facile à travailler en
dentelle de pierre ou à polir, séchant au soleil ).
Le temple de PARSHVATAH est admirable à la lumière
exacte du soir, à peine dorée,
qui
effleure les lignes épurées des divinités jaïn ;
les colonnes sont magnifiquement
ciselées ;
à l'intérieur la lumière filtre à peine
sur le sol luisant et lisse ;
jeux
d'ombres et de lumières parfaits.
Dans le petit matin indien, une patrouille de
militaires armés nous escorte jusqu'à BELUR
assurant ainsi la protection de la white Chevrolet
de Bernie.
C'est un autre chef d'œuvre architectural de la
sculpture indienne.
La cérémonie ( PUJA ) a lieu dans le temple de
CHENNAKESHAVA , surélevé, le plan au sol
en étoile,
avec une coupole, 42 colonnes uniques,
sculptées ou polies ;
scènes de purification par l'eau et le feu,
vapeurs d'encens pour s'élever vers Dieu,
offrandes des nombreux pèlerins consacrées, au son
de la cloche, du tabla et d'un petit
saxo ;
l'atmosphère est empreinte de mysticisme
dans une ferveur authentique.
Une brise légère nous accueille à l'extérieur à la
découverte des remarquables bas-reliefs aux magnifiques DEVADEVI,
danseuses
gracieuses, copies conformes des « APSARA »
des temples d'Angkor.
Aucun occidental sur ces lieux ; seules les
soieries rayonnantes des femmes pigmentent la
pierre sombre ouvragée.
Il fallait se lever tôt
ce matin pour sentir le retour de la
spiritualité enfin retrouvée.
BELUR A BELLE ALLURE !
merci à ceux qui se sont inquiétés, mais après le
désert de Gobi, il y a les déserts de
ruines sans connexion avec le réel ...
7-cap au nord
La petite route serpente au pied des western ghâts
qui culminent à près de 2000m ;
d'immenses plantations de cocotiers, aux
interminables troncs frêles et clairs,
bien
entretenus, abritent les bananiers au vert tendre
;
le paysage champêtre pourrait être
le grenier de l'Inde tant les travaux agricoles
sont nombreux ;
zébus et buffles
accompagnent les hommes aux labours et aux
récoltes,
dans les campagnes tranquilles
moyenâgeuses ; d'autres buffles ont plus de chance
: les cornes toutes enrubannées,
couverts de tissus brodés, ils tirent les
charrettes décorées, débordantes d'une
population nomade ;
le cortège bruyant et bariolé
s'en va au temple.
Cependant, parallèlement à cette quiétude
apparente, les actualités relatent des
événements inquiétants :
des attentas meurtriers
ont eu lieu à Hyderabad, l'aéroport de
Bangalore paralysé pour des raisons de sécurité ;
la trace pakistanaise a mobilisé de
grands renforts policiers ; plusieurs villes sont
en alerte au terrorisme .
Et un premier contrôle confirme ces nouvelles ; 2
policiers aussi suspects que véreux
ouvrent nos sacs ;
un prétexte pour nous torpiller
notre eau ; la guerre de l'eau aura
bien lieu.
500m plus loin, 2ème contrôle : qu'y a-t-il au
fond du sac de Bernie ?
Feuilles de coca
et compagnie … que cherchent-ils ? du whisky ?
Après une discussion incompréhensible
entre tamoul, kannara et anglais hindi, on
convient d' un arrangement :
ils en veulent
toujours à notre eau.
3ème contrôle : on nous passe une espèce de
scanner à l'intérieur de la white Chevrolet ;
chercheraient-ils une bombe ?
Adelita, agacée va
sortir ses cartouches que ses cousins
corses lui ont confiées … oh Corse île d'amour,
pays où j'ai vu le jour .. .
Le Karnataka, c'est dur , presque une épreuve ; la
chaleur est assommante ; la végétation
se raréfie à présent;
les surfaces cultivables
s'étalent à perte de vue dans une palette
d'ocre et coquille d'œuf ;
les tournesols ont la
tête au sud ;et le mienne est à
l'envers ;
des cortèges ininterrompus de camions
surchargés, aux décorations
fantaisistes et colorées
créent un embouteillage
indescriptible dans une pollution et un
vacarme inimaginable ;
9h pour 400 bornes
éreintantes ; nous parvenons enfin à HAMPI qui
doit se mériter.
La guesthouse est d'un autre
monde : fermer les yeux pour ne rien
voir ! Bonsoir.
8-Un dimanche à HAMPI
Les terres de blé et à coton accueillent riz et
bananiers ;en toile de fond, pitons
rocheux,
montagnes déchiquetées et bambouseraies
les pieds dans l'eau de la rivière
Tungaghadra.
La capitale du dernier royaume
hindou sertie dans un écrin de jungle
connaîtra son golden age
au XVIème siècle, avant
la défaite de Talikota en 1565 ; elle
sera pillée et incendiée par les envahisseurs
musulmans ;
l'Islam a frappé fort et mal
sur cette ville aussi peuplée que la Rome antique,
aussi fleurissante que Bagdad grâce au
coton épices et pierres précieuses.
Puis ce sera
la tour des navires anglais qui
débarqueront d'autres colonisateurs …
C'est le champ de ruines le plus vaste du monde,
avec TIKAL au Guatemala ;
la visite de
la ville royale donne une impression de joie et de
plaisir de vivre au regard de la
pierre taillée à l'effigie des danseuses Apsara ;
impression de déjà vu aussi : l'espace
de Monte Alban et les frises de Mitla au Mexique,
l'agencement parfait des énormes
pierres de Cuzco au Pérou,
ou encore une vue
d'ensemble de Chitchen Itza.
La Grèce et
l'Egypte sont aussi présents dans la mémoire.
HAMPI était tombée dans l'oubli, mais
aujourd'hui les visiteurs reviennent ;
quel avenir
pour l'ancienne capitale de la
dynastie des Vijayanagar ?
Des promoteurs
envisagent un grand complexe touristique ;
une
première population a été délogée de leurs
habitations précaires réduites en pièces ;
les
gens sont déplacés, sans travail, et viendront
gonfler la ville de Bangalore ;
Hospet
accueillera les touristes ; bientôt finies les
guesthouses jouxtant le gopuram , et aux
oubliettes le charme d'HAMPI.
PUJA AU CLAIR DE LUNE
Bernie se lave les pieds pour la centième fois au
moins …
traîner les pieds nus dans tous
les temples crasseux de la ville sacrée,
ça use ça
use et pas les souliers …
Bernie pas
Pied Noir pour rien …
Ce soir, au milieu des
macaques voleurs, il y en avait des couches
de saleté par terre …
surtout après le passage de
l'éléphante nommée Lakshmi qui baptise
d'un coup de trompe tous les enfants du coin ;
une
éléphante au clair de lune ça n'existe
pas ? ça n'existe pas ?
Et pourquoi pas ?...
Le
sanctuaire encore actif de Virupaksha
s'étend derrière un colossal gopuram blanc ( haute
pyramide ) ;
la PUJA (cérémonie) obéit
à un rituel immuable ;
les pèlerins nombreux
offrent leurs oboles (riz cuit, fruits,
fleurs) aux religieux bien gras …
les indiens
semblent comme endormis dans leurs
dévotions, sans même l'idée de révolte sur leur
condition ...
Retour à la guesthouse spartiate où crapauds et
macaques m'attendent de patte ferme ;
en voilà un aux yeux plus mobiles que les autres,
et qui a repéré ma bouteille d'eau ;
sous mes yeux, il dévisse le bouchon de ses longs
doigts aussi agiles que crasseux, et
vide le contenu en un clin d'œil ; décidément,
l'eau est objet de convoitise …
cependant
la situation privilégiée de ce logis de fortune,
mitoyen des ruines, explique son choix …
mais 3 nuits ici sont redoutables, d'autant que la
bouffe est à l'image du reste …
Bernie
maigrie ??? pas vraiment avec les jambes comme des
poteaux, les chevilles enflées,
bientôt bouffées et boursouflées par les mosquitos
voraces, sans oublier les cheveux
raides de poussière ;
mes amis vont-ils me
reconnaître ?
C'était une belle journée à HAMPI , de l'aube au
clair de la pleine lune …
Ce dimanche,
Bernie a beaucoup de chance.
Mais il est grand temps de quitter les lieux … et
ses odeurs pas très catholiques -
normal en pays hindouiste -
très loin des
fragrances de jasmin ...
un commando de
macaques inquisiteurs nous guettent ; en voilà un
qui reluque mes lunettes ;
un singe à
lunettes, ça n'existe pas ? Ça n'existe pas ?
Et
pourquoi pas ? Incredible India !!
9- BADAMI
HAMPI c'est fini .
En route pour BADAMI .
En danger permanent avec le monomaniaque au
volant, nous finissons par nous égarer sur
les chemins improbables du difficile Karnataka qui
étale à perte de vue ses champs de
coton et lentilles ;
après ce chemin des écoliers
( un comble pour l'instit en vacances ),
BADAMI semble enfin en vue,
malgré une entrée
obstruée par un véhicule en surcharge,
dont la cargaison monumentale est aussi large que
la route :
la souris accouche d'un
meule de foin . 150Km en 5h.
Les grottes sculptées dans le grès rouge sont un
véritable travail d'artiste ;
les
divinités s'offrent au regard émerveillé : Shiva,
Vishnou, Bouddha and so on sous leurs
plus beaux atours ;
des adolescents curieux posent
pour la photo, ainsi que des familles
de toutes ethnies ;
le panorama sur le lac est
superbe ; de là, on distingue la bourgade
blanchie à la chaux,
avec ses portes colorées, et
le mausolée du sultan de style indo
islamique ;
une promenade dans les ruelles en
médina nous transportent au Moyen Age ;
sangliers et macaques errent dans les rues sales
avec les enfants en guenilles … à quatre
pattes eux aussi …
Mais que fait Bernie dans cette galère ? l'estomac
dans les talons, les intestins plus
bas encore,
la peau bientôt décharnée, blanche
sera la nuit ...
De plus, Bernie en a marre du riz !
Chez les CHALUKIA
La piste ouvre un décor de patchwork entre les
sienne et Véronèse des terres cultivées,
pointillées des paysans au labeur dés tôt le matin
; il fait déjà chaud pourtant ;
quand
on pense que d'ici juin les centigrades auront
grimpé de façon significative,
que dire
des ces hommes bêtes de somme ?
Leurs corps
squelettiques portent cent fois leur poids;
ils avancent dégoulinant de sueur, aussi noirs que
la terre qui les nourrit pourtant,
accompagnés de leurs troupeaux de chèvres et
brebis ; avec leur petit calot blanc,
ils me
font penser à la marche blanche de Gandhi ;
les
romanichels campent à même la poussière
et la terre ; des mondes entre les mondes …
indescriptible et déroutant.
AIHOLE
Bernie la résistante a rendez-vous avec la
dynastie des Chalukia ( VIIéme siècle ) ;
le
site en restauration est accolé au habitations
dont on n'imagine même pas la précarité ;
occidentaux mal léchés prenons de la graine et
cessons de revendiquer et rouspéter !
Le temple de Durga est construit en grès rouge et
présente une forme unique en fer à
cheval ;
les temples de Ladh Khan et Ravana Phadi
honorent les déesses et les dieux dans
une remarquable décoration ;
les guerres entre les
dynasties étaient source de créativité
pour les artistes de l'époque.
PATTADAKAL
Ses pagodes carrées, rouge brique , rappelle,
toutes proportions gardées, l'inoubliable
site de Bagan en Birmanie ;
là encore, hommes et
femmes viennent spontanément vers
l'objectif, offrant leur sourire et leur
gentillesse ,
et animent l'endroit comme au
temps des souverains Chalukia .
Et pour le dessert, une petite PUJA pour la route.
Mais le dessert préféré de Bernie et
ses amis c'est le fondant choco châtaigne corse
...
10-cap à l'ouest
La route pour rejoindre le petit état de GOA
risque d'être longue, et j'espère sans
embûche ;
on n'entend plus parler des
moudjahidines indiens, groupuscule islamiste local
assez flou ;
le gouvernement et le police étaient
au courant du risque d'attaque.
Nous quittons le KARNATAKA et sa machine à
remonter le temps, monde virtuel d'hommes et
bêtes au destin partagé.
Le chofer a dormi sous ma fenêtre comme toutes les
nuits.
Ce matin il nous joue Indiana
Jones en empruntant une route qu'il ne connaît
pas, et sans carte ;
quel aventurier ce
Muthu !
Très vite, Bernie commence à compter ses
osselets tant les creux et les bosses
secouent le white chevrolet,
théâtre d'un massacre
annoncé : celui des mosquitos
voraces ; le Karnataka aura ma peau.
La voiture
se dirige vers le nord, alors que l'on
devrait piquer vers l'ouest ; sans GPS, bientôt
avis de recherche ;
Bernie décide de
prendre les commandes, vu le peu d'orientation du
driver, qui n'est pas le « LOEB » du
volant, ni le roi de la trajectoire …
Vincent, où
es-tu ? Jamais là quand on a besoin de
toi…
les panneaux de signalisation s'inscrivent en
langue locale qui n'est pas celle du
chofer tamoul ;
la rotation du soleil et ma carte
perso, l'enseigne miraculeuse « Lourdes
nursery » merci Marie,
et la gentillesse d'un
motard vont nous sortir de ce guêpier .
Repas frugale banane et noix de cajou.
Nous longeons l'état du MAHARASHTRA à vos souhaits
, plus vallonné et boisé ;
une forêt
fleurie de bougainvilliers rose indien nous ouvre
les portes de l'état de GOA où nous
parvenons enfin dans un état de liquéfaction
avancée ; BADAMI PANJIM c'est tout de même
pas ni le bout du monde ni la mer à boire …
et
c'est la MER D'ARABIE qui se dessine dans
l'horizon brumeux .
11-GOA
C'est en 1510, sous le commandement d'Afonso
ALBUQUERQUE, que GOA forme la première
implantation coloniale portugaise en INDE,
jusqu'en 1961.
GOA était déjà un important point d'embarquement
des pèlerins pour La Mecque,
un port de
commerce de chevaux arabes provenant d'Ormuz .
Les portugais encouragent le métissage pour
consolider leur établissement.
Saint François Xavier mentionne la splendeur
architecturale des lieux.
Au bazar de GOA, tout l'Orient emplit les étals :
perles et corail de Barhein,
porcelaine
et soie de Chine, drogues et épices …
C'est la «
GOA DOURADA », la merveille des
merveilles ; « celui qui a vu GOA , n'a pas besoin
de voir LISBOA «
Mais où est donc passée la GOA DOURADA ?
Les portugais doivent se retourner dans leur tombe
; la capitale PANJIM
ou PANAJI est une
ville dévastée par l'inculture d'une population
indigène en mal d'occident ;
cassés les
azulejos, trottoirs éventrés, empire saccagé ;
cette vision me rappelle les ruines SAO
LUIS ou OLINDA dans le Norte Brasil ;
spectacle de
désolation.
En détenant tous les commerces, l'Islam domine
dans l'ancienne capitale portugaise ;
l'Immaculée Conception n'a qu'à bien se tenir … et
Vishnou avec …
Le marché mérite le détour avec sa halle en étage,
copie du marché de Funchal à Madère ;
les épices fleurissent et embaument les étals
l'Orient est palpable .
La jeunesse rêve aux US, bascule et se perd ;
on
passe d'un monde ancestral à la pire des
sociétés modernes dites civilisées .
La GOA DOURADA apparaît le temps d'un mirage au
coucher du soleil sur la Mandova …
mais
la brume de chaleur dissipe vite les ors perdus.
VELHA GOA (OLD GOA)
Bernie la catholique fait la tournée des églises.
Feu la LISBOA du sous-continent indien ! Le
choléra aura vaincu les canons ;
seule la
Croix est debout.
L'église Saint François d'Assise ; regrettable
qu'ici, sur ce même parvis,
les
dominicains aient dirigé les tortures de
l'Inquisition.
La petite chapelle Sainte Catherine d'Alexandrie
et pas de PROPRIANO. construite sur
l'emplacement où les portugais sont entrés dans le
ville alors musulmane.
La Basilique du Bom Jesus construite par les
jésuites au XVIème,
renommée pour son
tombeau de Saint François Xavier, mort en Chine et
rapatrié en terre goanaise.
L'église Our Lady of the mount a ma préférence ;
du haut de la colline, le panorama est
superbe ;
les clochers immaculés surgissent de la
jungle épaisse comme des fantômes d'un
autre temps ;
dans le blanc et le vert coule la Mandovi, éclairée par le soleil
rougissant ;
il sombre alors définitivement dans
les eaux troubles ; demain, lui,
renaîtra de ses cendres, pas la GOA DOURADA .
C'était splendeur et décadence à GOA.