Copié-collé des mails de Bernie au BRESIL
11 juillet 2008
Sur la trace des idoles. Une nuit d´hiver á FORTALEZA , des gamins aux
pieds nus jouent au futbol dans le sable et dans la terre , des gamins
aux pieds d´or´,des enfants au talent d ´or:1er cliché symbole du
Bresil.
12 juillet 2008
que personne ne vienne ici , ou alors sur la pointe des pieds.
on va mesurer les adjectifs avec parcimonie car si au premier jour il
est deja question de divin , alors on est deja tout prés du ciel.
je n ´avais jamais encore rencontre des paysages aussi fous..c ´est
une fabuleuse decouverte.
imaginez des heures et des km de cote paradisiaque oú le ciel rejoint
l ´ocean dans une palette de bleus incomparables;seules les vagues
ourlees par le vent brisent l ´harmonie d´une nature á grand spectacle
qui nous est livrée comme une offrande á nous seuls voyageurs dans une
immensité vierge de toute humanité (et c ´est tant mieux ).pas ame qui
vive;seuls dunes et cocotiers surgissent de cette terre bénie , des
anes et des oiseaux dont le majestueux faucon qui survole ce tresor
encore desert.
ne venez pas ou alors sans faire de bruit..en catimini...foi de Bernie
16 juillet 2008
ICARAI paisible village de pecheurs , confetti sur la frange de plages
desertiques entre dunes et cocotiers et l´ ocean qui deroule ses bleus
et ses vagues.2 degres sous l ´equateur plein hiver ;il est 5 h et la
temperature si douce;lorsque tu ouvres la porte de la pousada ou tu as
dormi entre petite grenouille et grande fourmi [ qui a dit que la
fourmi de 18 m ca n ´existe pas .. et pourquoi pas ],tu goutes a la
quietude du petit matin.. et a une barre de chocosuisse en souffrance
depuis LISBOA[divin parce que decale ]..
les voiles rouges des jangadas ondulent sur le ruban bleu telles des
danseuses en jupons a peine souleves par les alizes.
TUDO BEM tout va bien
depart a maree basse pour une course en buggy sur le fil des plages
infinies ornees de cocotiers geants abritant des lagons profonds et de
minuscules villages blottis derriere les dunes claires.
traverser la mangrove ou les rivieres demeure une aventure;surtout
lorsqu ´on passe a gue les rios sur un bac a rames prevu pour un buggy
et que l ´on en monte deux a bord;a la descente le buggy tombe a
moitie dans la vase , l ´eau saumatre monte a hauteur du siege ; il va
falloir ecoper [ j ´ai deja vecu ca quelque part ]; je suis a present
dans une position tres inconfortable , de l ´eau jusqu aux genoux dans
un buggy [ tout terrain ] en equilibre sur une roue ;sombrer corps et
biens dans la mangrove sous le regard menacant des crabes prets a se
jeter sur mon pauvre corps demuni dont il ne restera a coup sur que
les os ne me semble pas raisonnable a ce stade du voyage.mais ou est
donc Leonardo ..Roberio joue la doublure avec brio , me sort des eaux
..le buggy sera tracte.Bernie meme pas peur..
17 juillet
5h du mat tu te plantes la aux premieres loges d ´un grand spectacle
et tu attends que la lumiere explose . alors se dessinent les lignes
et les arabesques les courbes et les diagonales dans l ´ocre du jour
naissant. le chevaux apparaissent tanquilles dans les vertes prairies
bordant le sable immacule et l ´ocean deja bleu . seul le chant des
oiseaux et le salut des bresiliens viennent mettre du son a la couleur
.. bientot le vent se levera aussi..
c est JERI et ca se merite au bout du bout , 5 rues sablonneuses
entre une vaste plage de sable gris des collines verdoyantes et la
majestueuse dune Por el Sol .. pour les fondus de kite surf et de
capoiera .. avec un petit air de San Pedro de Atacama
l ´altitude en moins la chaleur et l ´ocean en plus ..
a 2 dunes d ´ici la LAGOA de PARADISO la bien nommee , suffisament
surnaturelle pour ne pas y croire .. Dieu a du y mettre la main ou le
pied sur cette terre de futbol ; a 7 h a peine de Lisboa vous rentrez
sur les terres de delices .. comme un decor de film avec pour seul
scenario le jeu du vent dans la lagune bleue .. inutile a decrire .. c
´est hallucinant de beaute a pleurer de bonheur . des oiseaux
pointillent les etendues de sable blanc de leur plumage resplendissant
a la robe orange et noire
Attention danger .. a proteger absolument .
17 juillet
moi je passe les vacances avec Sebastien
Loeb qui s´éclate bien a piloter sur le terrain fragile des dunes ..
sensations garanties .. a la descente on effleure les lagunes a la
montee on tutoie les nuages .. excelente ..
a GURIU on longe un cimetiere d ´arbres aux formes etranges de
squelettes et carcasses de defenses d ´elephants imaginaires jusqu á
TATAJUBA ou l ´on raconte l ´histoire de ce village englouti
sous les sables ; on s ´embarque pour observer les hyppocampes nageurs
tranquilles dans les eaux troubles mais remarquables par leur couleur
corail qui rivalise avec le rouge ecarlate des crabes .. je me pince
je ne reve pas.. puis au sommet d ´une dune tu contemples a 360 degres
un spectacle eblouissant de lagunes blotties au creux des dunes et des
vertes prairies parcourues par les vaches les chevres les anes et les
chevaux .. les papillons amarellos envahissent l ´espace .. tu
apercois le coqueiro solitario .. et des bouquets de cocotiers aux
silhouettes graciles balancant leurs palmes qui semblent des eventails
.. je suis vaguement en apesanteur .. tu continues la route ..
tu traces dans les dunes fixes celles que ne faconnera pas le vent ..
chercher l ´architecte de ce paysage aux cotes de Sebastien , sur un
air de Dire Straits pour finir les pieds dans l ´eau turquoise en te
regalant des langoustes pechees dans l ´instant en sirotant la
caipirinha nationale .. ce n ´est pas le rhum mais la beleza qui monte
a la tete .. je ne sais pas trop ou j ´en suis .. je ne sais
meme plus ou j ´habite ..
salut .. tudo bem
21 juillet
chanter sous la douche [ sous une eau plus que suspecte ] a 6h du mat
c ´est se donner du courage car tu n ´es pas tout a fait seul dans ton
intimite : araignees grenouilles minuscules et lezards geants se sont
invites a la toilette . . et j ´ai la quelques trophes de guerre de ma
bataille nocturne contre les mosquitos et le souvenir des bruits
amplifies et mysterieux de la nuit .
mais le petit dejeuner a base de jus d ´acerola [ bourre de vitamines ] de manioc de riz sucre comme Maman faisait va me propulser sur les chemins sablonneux de la foret et de la mangrove des dunes des champs et des marais saumatres que sont les 5 ecosystemes de l ´ile ; ces paysages sont les plus riches en biodiversite de la planete .
helas les 5h de marche avec nos gardes du corps ne verront que peu d ´animaux mis a part un serpent un tatou quelques paons un singe des iguanes le grand rongeur cutia et des traces de renards et de cerf ; c ´est dimanche et les animaux sont a la plage [ ou a la messe ? ] comme les bresiliens en famille .
rentres bredouilles on repart sur une
pirogue dans les igarapes labyrinthiques pour observer les gros crabes
de vase et les poissons aux 4 yeux .
mais le rendez vous est au couchant quand des nuees d ´oiseaux comme
des rubans rouges se deploient dans le ciel et se posent sur une
langue de sable pour y faire leur toilette du soir . ils viennent par
centaines comme a un rendez vous de bal puis iront nicher dans les
arbres ; tels des rubis de Mogok dans leur ecrin de verdure les guaras
ou ibis rouges accompagnes de leurs jeunes au plumage plus clair et d
´aigrettes bleutees ou blanches stationneront la jusqu ´a l ´aube .ils
accrochent leur couleur ecarlate comme des luminions de Noel ; les
arbres aux yeux qui clignotent n ´ont rien a envier aux flamboyants .
les flamengos rouges de Bolivia me reviennent en memoire ; sans les
oublier pourtant le majestueux spectacle offert a nos yeux sideres
depassent l ´imagination ; le bruit est assourdissant car voyez vous
ces arbres sont fous d ´oisaux sont rouges de guaras piques de
confettis legers comme un tableau en pointillisme .. les oiseaux
incendiaires mettent le feu a la canopee , l ´eau saumatre de l ´iguarape
se voile du rose du couchant ..
comme dirait Nicolas H . nous
venons de vivre un pur moment de bonheur
21 juillet
14 juillet rassemblement national .. sur la porte du local qui sert eventuellement de salle de bain ..tapissee de grenouilles vertes ..
on continue nos peregrinations par les canaux et les rivieres de l ´immensite du delta des Ameriques :
PARNAIBA , CAMOCIN , TUTOIA a l ´atmosphere glauque de Manaus , CABURE , ATINS la ou la croix du sud me rappelle a l ´autre emisphere...
apres avoir remonte le rio PREGUICAS, c ´est enfin l ´incursion
tres attendue dans le parc des LENCOIS MARANHENSES [base du projet
initial du voyage ]
21 juillet
c ´est l ´un des lieux les plus eblouissants et des plus exotiques du
Bresil et peut etre de la planete.
voici une mer de dunes de sable immaccule qui s ´etend sur 70
km de plages et de 30 km a l ´interieur des terres , comme un immense
voile de mariee pose sur la mangrove. parvenir jusqu ´a ce coin de
paradis [ encore ] peut demander un effort [ grimper a la
corde pour atteindre l ´arete de la dune ] et prendre un certain temps
car l ´endroit est reste presque confidentiel.
imaginer des paysages fantastiques a la beaute unique envoutante
presque angoissante parce qu ´on est absolument seul au milieu de
cascades de dunes a l ´infini , constellees de lacs d ´eau douce
tantot verte tantot bleutee , ourlees de piscines a l ´eau
cristalline ou scintillent des myriades d ´etoiles.. le silence vous
enveloppe, les yeux noyes dans le turquoise immobile; les nuages
sombres aux formes etranges surplombent le cirque fantasmagorique des
courbes qui ondulent .. seules volent les libellules ..Bernie ne reve
pas .. c´est encore un pur instant de bonheur.
ma 15 LAGOA BONITA
22 juillet
pour ce coup la tu choisis LE guide du coin , celui pour qui les grains de sable n ´ont plus de secrets ,celui qui dialogue avec le soleil et les oiseaux , celui qui peut parcourir les dune les yeux clos car il a des yeux de lynx et qu ´il sent le vent le sable et les nuages .
tu choisis aussi un bon chauffeur , le cousin de Sebastien L. qui va deraper controler glisser survoler la piste de l ´aventure.
tu demandes qu ´on t énmene jusqu ´a un endroit encore plus solitaire la ou vraiment personne ne va .
alors Daibid te parle de LAGOAS DA RISADA non repertoriees sur aucune carte..hum ca me plait bien;
il faut s ´accrocher dans la jardineira pour eviter d ´etre projete dans les airs... violent et physique.
et la tu commences a marcher lentement . il
est 16h la lumiere douce eclaire les sourires..c ´est une lagune
immense aux contours reguliers faconnes par le vent [ comme des
arcs de sables ]; l ´emerveillement a chaque sourire ; les ocres se
dorent de lumiere ; les emeraudes scintillent; tu
chemines au son des grenouilles en concert, au cri des gaveotes au
beco amarelo; tu suis la trace d ´un scorpion innoffensif , de renard
voyageur.au coucher du soleil la couleur frise l ´incandescence au
dessus des eaux et des sables qui bientot se verront inondes par un
insolent et surprenant lever de lune..
tu transformes le sel du salar de Uyuni de Bolivia en arena ..devines
l ´alchimie..
moment intense de perfection
22 juillet
LAGOA AZUL , LAGOA ESMERALDA , LAGOA DO PEIXE
comme si le desert avait pleure des larmes de joie..
du fond des lagunes , les dunes ... ressemblent a des crateres
de volcans qui auraient laisse s ´echapper les nuages..
22 juillet
par le hublot de l ´avionnette , tu distingues
parfaitement les dunes entrecoupees de lacs formes par les eaux de
pluies qui en raison de la vegetation et du sol prennent des couleurs
bleutees ou vertes ; la vision de cet immense voile de mariee pose sur
des km de dunes laisse perplexe ; on reste abasourdi par la beaute
sans faille , l ´exuberance de la vegetation , l ´incroyable variete
de palmiers , les lacets de la riviere Preguicas ; on reste
bouche bee devant ce tapis curieusement brode , tout en relief , aux
formes d ´arcs en demi cercles , comme des paupieres ouvertes sur des
pupilles vertes ou bleues ...magique
22 juillet
lagoa bonita , un quatrieme
voyage dans l ´espace et hors du temps ..
bonita signifie jolie ; les superlatifs manquent ou deviennent
inutiles ..
tu es grise par la sublime
beaute qui creve l ´ecran, qui sort du cadre , et toi meme tu deviens
hors sujet .
alors tu quittes les lieux et le mystere de ses eaux ; seul le
clapotis indissible reveille par le vent te rappelle a la realite .
Bernie n ´a pas reve :elle parle a present le portagnol [melange de portugais et d ´espagnol ]
elle se delecte de crevettes nageant dans une delicieuse sauce a la mangue et puree de patate douce
elle ecoute le forro musique populaire de la region
on l ´appelle ici Bernadet do Brasil [ prononcez Bernadetch ]; un bar porte meme son nom [ la celebrite a passe le gave de Lourdes ]..attention reconversion en vue
on quitte BARREIRINHAS pour SAO LUIS
je me reconnais dans le retro suspendue a l´arete de la dune les yeux plonges dans le miroir d ´un lagon bleu a peine froisse par le vent leger . ma memoire s árrete la dans un de ces derniers paradis terrestres . la civilisation m áttend ; pour l ´heure j ´ai la tete brouillee de merveilles ..
Daibid m a raconte qu ´il existe quelques dunes apres la lagoa de esperanca une plus belle encore plus solitaire plus extraordinaire .....la lagoa de platina....on ferme les yeux...
bien loin de ma chere Algerie des gorges du Rhumel et du pont d´El Kantara qui l ´enjambe , il existe ici au Bresil une ville fantome au passe glorieux ; la canne a sucre le coton et les esclaves ont fait la richesse d´ALCANTARA.aujourd ´huila vegetation tropicale a envahi et degrade les eglises et les maisons;cependant il regne ici une atmosphere particuliere ;le temps semble s´etre fige dans un silence emouvant.
la derniere visite chez les guaras
me voici a nouveau a bord d´une barcasse qui me conduit jusqu ´au repere des ibis rouges ; nous sommes embusques a l ´entree de la mangrove ou les paletuviers trempent leurs racines inextricables.apres la pluie soudaine de l´apres midi le temps est encore a l´orage;il se prepare un gros grain et moi je me demande ce que je fais dans cette galere au milieu de ces eaux si peu engageantes;on devine a peine au loin les tours de la nouvelle Sao Luis bientot cachee derriere un rideau de pluie ..
soudain apparait un essaim d ´oiseaux qui tracent des arabesques comme un cerf volant virevoltant ; imaginez le ruban rouge s´etirant dans le gris anthracite d´un ciel menacant comme un dernier salut au spectateur assidu..
tout simplement magnifique.